Jazz

Le projet sur le jazz est né de ma rencontre avec le pianiste américain Randy Weston en 1998. Il venait de sortir un album intitulé “Khepera”. Lors de notre entrevue, il m’apprend qu’il a été plusieurs fois en Afrique et qu’il considère sa musique comme un rythme purement africain.
Quelques jours plus tard, je pris connaissance d’un projet intitulé “La route des esclaves”, lancé par l’UNESCO. Monsieur Doudou Diène en était l’initiateur. Je l’ai rencontré et nous avons discuté de la résultante culturelle de l’esclavage dans les pays où il était institué. Ainsi, je me suis de plus en plus intéressé à ce pan de l’histoire.
Pendant plus d’une dizaine d’années, j’ai interviewé et photographié des musiciens de jazz. Certains m’ont révélé comment ils ont été amenés à jouer de leur instrument, d’autres m’ont expliqué leur rapport à l’Afrique et raconté quelques anecdotes.

Cette création musicale, que j’appelle “jazz” se confond avec l’histoire des esclaves africains. Elle démarre en Afrique, donnant l’occasion d’un état des lieux de la culture musicale avant l’invasion européenne, pour s’achever en 1917, une année arbitrairement fixée, mais décisive.
Produit d’une synthèse entre la création européenne et la tradition africaine, rendue possible sur le sol américain, le jazz porte en lui les stigmates de l’histoire.
Comment, une fois déportée, a évolué la culture musicale africaine ? Victime d’une tentative d’homicide, comment a-t-elle pu être recréée et renouvelée au contact des Européens et des Américains ? Comment a-t-elle pu donner naissance au jazz ? Quelles traces africaines reste-t-il dans le jazz actuel ?

Autant de questions auxquelles ces photos  tentent humblement de répondre. Pour cela, une large place est consacrée aux acteurs de cette épopée, de l’Afrique aux Amériques, en passant par l’Europe.